Du samedi 04 au vendredi 10/12 : Découverte du Northland.
Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
A bicycleeeetttttttte
Coupez !!!
Bon, on la refait.
Quand on partait par les chemins
Enfants, parents de bon matin
En voituuuuretttttttte
Ca y est on la tient. On la garde.
Vu le circuit qui se profile à l’horizon (nous voulons aller jusqu’à la pointe nord de l’île du nord ce qui nous fait obligatoirement repasser à Auckland), vu le peu de temps que nous avons, nous choisissons la formule : clef de voiture en main pour une semaine.
Depuis notre arrivée, nous nous sentons un peu noyés par la multitude de cartes, prospectus, suggestions d’itinéraires, de visites, d’activités en tous genres (sur terre, mer, dans les airs)…le choix est difficile.
Toute une aventure d’autant que Marc vit de grands changements depuis ce samedi matin : dorénavant il aura à gérer son nouveau look.
Volant à droite, boîte automatique, deux pédales seulement, le pied gauche qui piétine le pied droit, action des essuie-glaces pour prévenir qu’on va tourner à gauche, rester calme, ne pas s’affoler, réfléchir à comment qu’on fait pour tourner lorsqu’on est du mauvais côté de la route, s’engager dans un rond-point en laissant la priorité aux véhicules venant de la droite, faire le choix d’attendre qu’il n’y ait personne ni à gauche, ni à droite avant de redémarrer sans se laisser intimider par les klaxons des automobilistes qui patientent derrière nous. Du grand art !
Toutefois, Marc progresse ce qui n’est pas une prouesse car ses premiers essais, dans le quartier, sont catastrophiques. Un demi heure plus tard, nous nous trouvons sur l’autoroute la plus fréquentée de la Nouvelle Zélande. Conduite d’équilibriste sur la voie centrale, ne pas prendre peur chaque fois qu’un véhicule nous dépasse par la droite, ne tenter aucun dépassement, rester concentré, ne pas regarder Sky Tower : trop risqué !
Dans la voiture, la tension est à son comble, ce qui amuse beaucoup Anne-Claire et les enfants. Chemin faisant, nous réussissons la traversée d’Auckland sous le regard indifférent des autres automobilistes. Quelle ingratitude !
En somme, nous nous amusons bien et ne regrettons pas le choix de cette formule qui va nous permettre de faire beaucoup de kilomètres, de visiter de nombreux sites et partir ainsi à la découverte de l’histoire de la néo zélandaise.
Le Northland est le lieu de naissance de la nation.
D’abord une des bases de la colonisation maorie il y a environ 1000 ans. Kupe, grand navigateur polynésien aurait quitté sa terre natale, Hawaiki (terre de légende entre Tahiti et les Marquises) vers l’an 900, à bord de son waka (pirogue) Matawhaorua à la recherche de nouvelles terres. Il aurait découvert la Nouvelle Zélande dont il aurait d’abord aperçu la couverture de nuages. Aotearoa signifie « le pays du long nuage blanc ». Un de ses descendants, Toi, aurait commencé la colonisation aux alentours de 1150.
Le Northland, c’est aussi là que les grands navigateurs européens sont arrivés, le hollandais, Abel Tasman, l’anglais, James Cook, puis les français Jean-François-Marie de Surville et Marc-Joseph Marion du Fresne.
C’est enfin à Waitangi qu’a eu lieu la signature du Traité entre les maoris et la Couronne britanique en 1840.
Après une quarantaine de kilomètres au nord d’Auckland, nous voici dans une campagne verdoyante. La route est vallonnée, traverse des forets endémiques aux fougères arborescentes.
Nous nous arrêtons à Ruakaka au bord de l’océan pacifique sous quelques gouttes de pluie, sur une plage magnifique de sable blanc. Le vent souffle fort, les rouleaux accueillent quelques surfeurs.
Léa et Tim font leurs premiers châteaux de sable, puis le soleil arrive, ce qui nous facilite le pique nique, sous la convoitise des mouettes.
Nous repartons par une route sinueuse, traversons la ville de Whangarei. A Otonga, nous quittons la State Highway 1, axe très fréquenté, pour prendre la route côtière par Helena Bay, Oakura, Punaruku, de beaux noms maoris qui ont tous une signification, et avec lesquels nous ne sommes pas encore familiers.
La route tourne, monte, descend, et après 270 kilomètres, nous arrivons en fin de journée dans Bay of Island.
Immense baie profonde au multiple bras de mer, ouverte sur le Pacifique. Constellation de 144 îles baignées dans une mer cristalline, lieu paradisiaque dans lequel nous décidons de jeter notre ancre.
Nous arrivons à Russell et découvrons la qualité des campings kiwis : Emplacement au choix sur une belle herbe douce et tendre, fraîchement tondue, bordée par des alignements méticuleux de cailloux et massifs de fleurs, pas un papier à terre…
Nous comprenons pourquoi les kiwis vivent pieds nus, tout est si propre !
Cuisine entièrement équipée, tables pour le confort des petits déjeuners et du travail scolaire.
Nous sommes au pays de l’aluminium, briqué quotidiennement pour rendre notre séjour agréable.
La piscine remplie d’eau (contrairement à celles d’Argentine où les températures extérieures étaient pourtant deux fois plus chaudes qu’ici), nous tend les bras et nous ne résistons pas à notre premier bain.
L’eau fraîche, voire très fraîche, voire glaciale freine quelque peu notre élan.
On est au début de l’été et il faut lui laisser le temps de chauffer, le climat subtropical de cette partie de l’île va s’en charger. Balade dans Russell, grimpette sur un promontoire pour admirer la baie.
Nous sommes émerveillés devant les pohutukawas aux fleurs rouges, appelés aussi arbre de Noël, puisqu’ils fleurissent en décembre.
Descente à la plage et premier bain dans l’océan, frais lui aussi, marche au bout de la baie pendant que Léa et Tim font des pâtés de sable. Que la vie est relax lorsqu’il n’y a pas d’effort à faire.
Après le bain, la glace en ville, puis vient le moment du BBQ, …. En tout point nous réussissons notre intégration dans la vie des kiwis (habitant de la Nouvelle Zélande quelle que soit son origine).
C’est aussi le nom donné à cet oiseau, unique à la Nouvelle Zélande, devenu emblème national.
Mais à quoi ressemble un kiwi ?
Nous sommes donc partis à sa recherche. Nous l’avons cherché dans les bois et nous les avons trouvés.
Drôles d’oiseaux que ces kiwis. Pas du tout marron, plutôt multicolore.
Erreur, c’est un oiseau nocturne, doté de petits yeux, d’un long bec avec des narines à son extrémité et d’ailes rudimentaires inutiles puisqu’il ne vole pas, invisibles sous ses plumes. Beaucoup d’initiatives existent pour le préserver.
Lui, c’est un weka, que nous avons réellement pris pour un kiwi, et qui ressemble à une sorte de poule sauvage peu timide, mais qui ne se laisse pas approcher facilement.
Le lendemain, nous repartons par les chemins, passons le bac sans faire de cauchemars
Nous nous acheminons, via les prairies moutonnantes tout doucement au bout de la péninsule Karikari, pour aller tester notre premier campsite. C’est un terrain herbeux entretenu avec sanitaires et douches froides.
On n’y vient pas à pied car ces terrains se trouvent souvent loin de toute vie urbaine, en bout de bout.
D’ailleurs, le chemin de terre et de pierres pour y accéder nous rappelle quelques bons souvenirs des ripios d’Amérique du sud.
On ne frappe pas car il n’y a personne. On met son argent dans une enveloppe que l’on glisse dans l’urne à cet effet.
Notre promenade nocturne sur la plage sous un beau ciel étoilé est écourtée par la rencontre avec Amandine, une française et Max qui est chilien.
La nuit est de tout repos et nous sommes réveillés par le chant des oiseaux. Sous cette douce mélodie, nous plions le camp et repartons par notre chemin de taule ondulée. Au bout d’un temps nous nous arrêtons pour le petit déjeuner pris au bord du lac Waiparera, paisible.
Avant de parcourir la longue bande de terre menant jusqu’à Cap Reinga, le bout du Northland, nous nous arrêtons à Ancient Kauri Kingdom.
C’est une scierie-atelier spécialisée dans le bois de kauri aujourd’hui extrait des marécages. Le bâtiment a été construit autour d’un escalier à colimaçon taillé dans un énorme tronc de 11 mètres de circonférence (un quart de l’arbre complet).
Le kauri régnait en maître il y a 45 000 ans et les maoris les ont respectés. L’arrivée des colons avec leurs outils de fer a accéléré l’abattage de ces kauris géants qui fournissaient un bois incomparable pour la construction. S’en est alors suivi une course au profit et à l’exploitation frénétique et systématique. Le bois et la résine ont été exportés vers l’Australie, l’Amérique et l’Europe. En 1950, lorsque les dernières forêts sont enfin protégées il ne reste que 2% de la couverture originelle.
Nous traversons des paysages de pâturages, de pinèdes, d’arbustes, puis apercevons les dunes de sable avant d’arriver à Cap Reinga.
Pique nique rapide sur le parking puis nous marchons jusqu’au phare.
Le spectacle est grandiose : là devant nous s’affrontent en une rencontre furieuse le Pacifique et la mer de Tasman.
C’est aussi un lieu tapu (sacré) pour les Maoris puisque c’est de là que s’envolent les âmes des morts pour rejoindre leur mythique Hawaiki.
Nous ressentons toute l’énergie qui se dégage de ce lieu et nous nous y recueillons.
Ensuite, nous prenons le chemin qui descend à Te Wehari beach.
La vue est à couper le souffle, nous atterrissons sur une plage immense, un paradis peuplé par les mouettes. Un manchot pygmée ou manchot bleu est tristement échoué sur la plage.
Nous nous baignons avec une extrême vigilance car la force du courant dont on nous avait prévenus n’est pas une légende.
Très contents d’avoir atteint ce cap, nous repartons pour continuer notre circuit.
Nouveau campsite pour le soir, situé en bord de rivière non loin de l’océan, ce qui nous vaut un combat sans merci contre des colonies de moustiques : tableau de chasse.
Mercredi, c’est une journée plutôt voiture. En faisant des courses, nous avons la surprise de revoir Max et Amandine dans le magasin.
Plus loin, nous longeons la mangrove, repassons le bac pour atteindre Rawene, petite péninsule.
Nous nous rendons au camping situé sur la crête. Hélène nous accueille dans ce havre de tranquillité qu’elle affectionne. Elle prend le temps de nous parler en français à propos des conditions de vie des kiwis, de la pauvreté qui touche de plus en plus de personne mais qui n’est pas perceptible par le voyageur. Les écarts des richesses se creusent, dans les zones désertiques, les plus pauvres survivent grâce aux aides de l’état mais surtout la présence de la communauté maorie.
Le programme du lendemain est bien chargé. Nous partons de bonne heure sur la Twin Coast Discovery. Petite promenade pour un point de vue sur l’immense dune qui domine le port à l’embouchure de Hokianga Harbour.
Nous visitons Opononi. A Noël 1955, un dauphin commence à fréquenter les abords de la plage, semblant rechercher le contact et jouant avec les baigneurs.
Baptisée Opo, cette femelle de l’espèce des grands dauphins attire les visiteurs de tout le pays et devient même la coqueluche des médias. Mais en mars 1956, on la retrouve malheureusement morte sans aucune explication. Une statue rappelle son souvenir.
Encore un peu de voiture et nous nous enfonçons dans la forêt Waipoua qui signifie « forêt des pluies nocturnes ». Elle est un sanctuaire de 9000 ha où près de 300 espèces de végétaux s’épanouissent dans un écosystème exceptionnel.
Aujourd’hui, cette forêt est protégée, entretenue, restaurée, à tel point qu’à l’entrée du sentier, nous devons nous brosser les chaussures et mettre un désinfectant sur les semelles. Nous savons que des « personnages » exceptionnels nous attendent, les kauris géants.
Nous marchons sur un sentier sur pilotis pour protéger les racines.
Tane Mahuta, dieu de la forêt, est le plus grand kauri au monde avec 51 mètres de hauteur et 13,77 m de circonférence.
Il aurait environ 1200 ans. Dans la mythologie maorie, c’est lui qui sépare la terre mère (Te Papa Ruanuku) du ciel père (Rangi Nui) au début de la création afin de faire jaillir la lumière et la vie. Il est donc particulièrement sacré, et une fois à son pied, mythe et réalité semblent se rejoindre.
Le second, Te Matua Ngahere, père de la forêt, est âgé de 2000 ans.
Ce serait l’un des plus vieux arbres au monde après les séquoias. Ses 30 mètres de haut et plus de 16 mètres de circonférence se dressent devant nous et stoppent notre marche au détour du sentier. Nous sommes époustouflés, impressionnés. Silence, respect, instant solennel, ce lieu inspire le recueillement.
Plus loin, nous passons par les étonnantes Four Sisters, quatre kauris qui ont poussé tout prêt les uns des autres et lorsque nous pouvons toucher Yakas kauri, nous sommes au sommet du bonheur. Nous posons nos mains sur son tronc et nous sommes envahis par une forte énergie.
Léa est particulièrement sensible et réceptive à ces transferts d’énergie et parvient à bien les décrire.
Notre halte du soir s’inscrit au camping de Baylis beach. Nous mangeons en toute hâte pour rejoindre la plage de Ripiro et assister au coucher du soleil.
C’est dans cette baie qu’a échoué en 1993 l’Askoy II, ancien voilier de Jacques Brel. Une association s’est constituée avec le projet de le rapatrier au plat pays qui est le sien, de le restaurer pour qu’il reprenne la mer.
Vendredi, dès l’aube, à l’heure où s’éveille la campagne, nous repartons à travers les brumes matinales et assistons au lever du soleil.
Nous sommes comblés par tant de beauté.
Nous en avons pris plein les mirettes, du bleu du ciel, de la mer et de l’océan, du vert des pâturages et des forêts, une palette de couleurs des fleurs, nombreuses en cette saison.
Les paysages magnifiques se succèdent les uns aux autres, dans cette région du Northland que nous avons aimée découvrir avec le confort de la voiture.
Nous convenons aussi qu’il est grand temps de chevaucher de nouveau Fanlabise et Cassbizou pour continuer l’exploration de toutes ces merveilles, direction les volcans du centre de l’île du nord.