Du jeudi 19/05 au mardi 24 /05.
Mercredi soir 18 mai quai de gare à Ayutthaya, nous attendons le train de nuit qui va nous permettre de parcourir 620 kilomètres pour gagner Chiang Mai en 12 heures, soit une économie de huit à douze jours de tandem. A 20h00, les ventilateurs tournent encore sur le quai et nous transpirons toujours rien qu’en jouant aux cartes.
Le train arrive de Bangkok déjà bien chargé. Nos tandems trouvent place d’un côté avec les marchandises et toutes nos sacoches avec nous dans le wagon. Nous sommes saisis par la fraîcheur de la clim, limite polaire.
Nous découvrons les 4 places qui nous sont attribuées et faisons installer les couchettes sans trop tarder.
Tim et Léa sont ravis de monter dans leur petite cabine respective et nous, de trouver le repos, dans le confort du drap, oreiller, plaid.
Jeudi 19 mai :
Le tangage du train nous a tenu compagnie toute la nuit et nous arrivons à Chiang Mai vers huit heures.
Nous rééquipons les tandems et quittons la gare sous les regards intrigués des habitants, à la découverte de la deuxième ville de Thaïlande.
On se sent bien tout de suite dans une ville à taille humaine si on la compare à l’enfer de Bangkok pour les cyclistes que nous sommes.
Nous prenons notre place sur une avenue à deux voies, dans un trafic adapté au vélo, en direction de la vieille ville. Soudain derrière nous deux personnes en scooter nous font signe de nous arrêter. Contrôle de police ? Non, c’est Marcel L. un belge francophone, qui nous avait répondu via le site de Cyclo Camping International. Incroyable coïncidence ! Nous avons l’impression déjà de connaître quelqu’un ici. Marcel propose de nous accompagner jusqu’à la maison d’un ami cycliste, Xavier, qui loue des chambres.
Nous le suivons vers le vieux quartier, une île, qui est délimité par quatre anciennes douves formant un carré. Petites maisons, ruelles, temples, restos, commerces un quartier agréable.
En plein centre ville, nous découvrons la maison de Xavier dans une ruelle au calme et c’est Kou, l’employée de la maison qui nous accueille. Xavier est parti en vélo pour deux jours, sa femme, Suda, est au travail.
Nous nous installons dans une chambre très spacieuse belle et confortable. Marcel revient nous voir et nous allons ensemble manger une assiette de pâtes ou riz thaï. Il a un sacré CV d’expériences à vélo, de petites balades comme Paris Pékin l’année des JO.
Grosse sieste pour tous les quatre, avant d’aller retrouver Solène et Benjamin, rencontrés à Ayutthaya, pour un resto. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Anne-Claire et nous optons pour un resto franco thaï. Nous nous serrons tous les 6 dans un tuk tuk, sous une pluie battante. Benjamin prend les affaires en main, avec un chauffeur qui doit s’arrêter à plusieurs reprises pour trouver le chemin… et nous finissons par arriver dans un cadre bien sympa.
Alors, pour changer des pâtes thaï, nous optons pour une raclette thaïlandaise, très copieuse, qui ravit nos palais : fromage, charcuterie, pommes de terre. Original pour un pays où il n’y a pas de fromage. Séquence émotion ! Nous sortons les mouchoirs…pour essuyer…nos fronts dégoulinants, à proximité de la chaleur de l’appareil.
C’est une bonne soirée, agréable, pour tous, arrosée de la bière thaïe qui ne parvient pas à refroidir nos organismes.
Vendredi 20 mai :
Quelle bonne nuit ! Le calme total, une literie excellente, de la fraîcheur juste ce qu’il faut !!! Au programme aujourd’hui, farniente, lecture, e-mails, blogue, travail scolaire. Nous découvrons dans la bibliothèque de la maison un « Tintin en Thaïlande » écrit par un ami de Xavier.
Alors que le soleil est déjà haut dans le ciel, nous descendons pour prendre un excellent petit déjeuner. Nous sommes encore attablés lorsque Xavier arrive sur son vélo. Instant souvent magique lorsque des cyclistes se rencontrent pour la première fois. A peine le temps de nous présenter que nous voici transporté à travers le temps dans nos récits de voyage. Incroyable le nombre de pays qu’il a traversés. Il nous emmène en Afrique, à Madagascar, dans des contrées lointaines. Le rêve s’installe, le temps s’arrête…et tout d’un coup, nous nous voyons dans le désert au pied de la dune, face au touareg qui nous dit « il va pleuvoir aujourd’hui, il faut rester avec moi ».
Samedi 21 mai :
Ce matin nous partons pour la journée avec un mini bus et un guide à la rencontre des éléphants. Nous apprenons qu’avec la crotte d’éléphant, on peut faire du papier et visitons une fabrique artisanale. Incroyable et efficace recyclage !
Nous arrivons au village des éléphants de Mae Ping, dans une vallée située au nord de Chiang Maï. Et là, c’est la rencontre avec ces pachydermes impressionnants.
Nous pouvons faire quelques photos sur leur dos...
...avant que l’un d’eux ne saisisse Tim et Léa par la taille…Que compte-t-il faire d’eux ?
Mais tout cela donne chaud et c’est l’heure du bain pour quatre éléphants que nous suivons jusqu’à la rivière. Ces coquins sont en plus de sacrés farceurs, car l’un d’eux revient avec la trompe pleine d’eau et nous asperge.
Nous assistons ensuite à leur spectacle de danse, et d’acrobaties. L’un d’eux est artiste peintre et ses peintures se vendent d’ailleurs très cher.
Ils aiment aussi le sport collectif et notamment le football et basket avec leurs cornacs. Pour finir leur show, ils ont toujours besoin d’un petit garçon pour le balader sur leurs trompes nouées.
Après cet amusement, nous partons en promenade, le clou de la journée. Nous gardons les mêmes équipes que sur les tandems. Ouh là, là, que c’est haut et que ça bouge. Les deux jeunes cornacs qui nous accompagnent sont sympathiques, dynamiques et maîtrisent bien leur animal.
La promenade à travers la rivière et la forêt est très agréable. Les éléphants avancent doucement, et d’un pas sûr. Au passage d’un pont en rondin, vue d’en haut, nous avons l’impression qu’il va poser la patte à côté mais non, il est adroit.
Comme chacun le sait, marcher creuse l’appétit, alors il nous faut leur donner un peu de canne à sucre que nous sommes invités à acheter à deux femmes sur le chemin.
Tim continue la promenade sur la tête de l’éléphant, le rêve d’un petit garçon devenu réalité en Thaïlande.
Un des cornacs chante et sa voix résonne contre la montagne. Instant magique. L’autre donne le rythme avec une chanson en français « elle descend de la montagne à cheval » qu’il termine par un « oh mamy, papy blue » bien marrant.
De retour au village, après un tour en charrette tirée par des vaches,
nous embarquons sur un radeau de bambous pour une descente de la rivière. Il fait grand beau et chaud, pas trop de moustiques, les rapides ne sont pas trop rapides et c’est tant mieux !!! Alors que les gens d’ici se baignent, comme les vaches, nous ne sommes pas du tout tentés par un bain dans cette eau saumâtre et préférons saluer l’éléphant sur la berge.
L’étape suivante, nous nous arrêtons pour manger au restaurant du royaume du tigre, un buffet varié et copieux.
Nous allons ensuite à la rencontre des femmes girafes au village karen.
Nous sommes mal à l’aise au début, car impressionnés et ne pouvant pas communiquer avec elles à cause de la barrière de la langue. Mais Kim, le guide, connaît quelques mots de leur langue et fait l’interprète. La femme la plus âgée du village a 54 ans et c’est auprès d’elle que nous faisons quelques achats.
Ayant fui la Birmanie, les Karen vivent dans des villages sur des lopins de terre prêtés par le gouvernement thaï. Ici c’est une petite communauté qui vit de son artisanat et du tourisme.
La ferme des orchidées nous plonge dans un jardin calme et fleuri aux multiples couleurs.
De retour « à la maison », nous terminons notre journée, invités par Xavier et Suda à un repas de pizza qui fait le bonheur de Léa et Tim, qui, il faut le dire, ont quelques difficultés avec la cuisine locale. Cuisine et tandem leur permettent de se mettre à l’abri des surcharges pondérales.
Promenade nocturne et immersion dans le marché installé dans les rues pour la soirée. Animé, coloré, odorant, on y trouve de tout, plusieurs personnes non voyantes jouent quelques notes de musique pour se faire trois sous.
Dimanche 22 mai :
Aujourd’hui, nous partons avec Xavier et Souda rejoindre Marcel L. et un autre Marcel H. deux amis cyclistes dans un restaurant thaï à Hang Dong, au sud de la ville.
Nous comprenons mieux aujourd’hui pourquoi nous avons visité aussi peu de choses à Chiang Mai. Autour de la table, les discutions vont bon train. En leur compagnie, nous découvrons une facette de la vie thaïlandaise sous l’angle de ces français, belges et autres nationalités qui ont décidé, un jour, de tout laisser derrière eux en s’installant dans ce pays qu’ils ont appris à aimer. De là, ils vivent leurs rêves et multiplient leurs virées en vélo. Retourner à Madagascar une énième fois, sillonner le Congo, faire une virée de dix jours au Laos, longer le Mékong, découvrir, découvrir en n’en plus pouvoir, simplement, sans prétention, alors qu’ils pourraient en écrire des livres.
Marcel H. en a fait son métier. A maintes reprises il part au quatre coins du monde avec des cyclistes avides de découvertes. Il parle français, anglais, espagnol, thaïlandais et se fait comprendre dans d’autres dialectes.
« Tintin en Thaïlande » déniché la veille dans la bibliothèque de Xavier, nous donne une vision plus débridée d’autres européens vivant ici. Lecture déconseillée aux enfants tant cette aventure décrit crûment et avec humour la réalité que nous découvrons. Séraphin Lampion a plaqué sa famille pour une vie plus exotique et moins onéreuse, Tintin serait un homme, le professeur Typhon ne serait pas toujours sourd, la Castafiore chante dans un groupe rock dans les quartiers chauds de Chiang Mai, etc.
C’est aussi ça laThaïlande.
Après le repas, une immersion dans une piscine municipale vient nous rafraîchir les idées. Cette fois-ci, il n’y a plus de doute, Tim sait nager et les 25 mètres de longueur du bassin ne lui font plus peur.
Lundi 23 mai :
Journée de découverte du nord est de Chiang Mai, en voiture avec Xavier direction Samoeng. Depuis un beau point de vue, nous apercevons au loin le plus haut sommet de Thaïlande, 2590 mètres situé dans cette région montagneuse couverte de jungle avec des vallées profondes.
Nous redescendons à 400 mètres pour arriver à Samoeng, un bourg de campagne. Nous découvrons l’école où Souda enseigne, qui est située dans un joli parc verdoyant et ombragé. C’est la rentrée depuis quelques jours et les choses redémarrent doucement.
Nous partons à la découverte du marché, où les exposants et clients sont des locaux.
Nous croisons quelques hommes et femmes portant des vêtements très colorés, appartenant à des ethnies différentes, les Karen, mais aussi des Hmong et Lisu, groupes sino-tibétains originaires du centre et sud de la Chine.
Les photographies sont difficiles à prendre car nous sommes vraiment à proximité de toutes ces personnes.
Après avoir avalé une assiette de soupe thaïe, nous repartons par les chemins et traversons une région de culture de litchis, de bananes et de fraises, malheureusement ce n’est pas la saison.
Nous redescendons dans la plaine et gagnons le sud de Chiang Mai pour nous rendre dans un magasin de vélo faire quelques achats.
Sur le retour, nous nous arrêtons dans différents marchés pour acheter un ananas, du riz gluant, des brochettes de saucisses de riz et porc … pour un dîner avec Xavier à la maison.
Mardi 24 mai :
Comme chaque matin, nous savourons un excellent petit déjeuner. Le chocolat chaud est onctueux, le pain fait maison craque sous la dent, la brioche est fondante, le pudding est goûteux. Chaque matin, un fruit nouveau vient colorer nos assiettes et nous fait découvrir de nouvelles saveurs. Un rambutan par ci, un mangoustan par là.
Pour notre dernier jour, nous partons en tandem visiter le temple de Chet Yod, où vivent des moines.
Ancien temple qui n’a pas été restauré et qui présente des vestiges de bas reliefs en stuc où l’on devine des Bouddhas en position de méditation.
D’autres temples modernes sont aussi ravissants. La ville de Chiang Mai en compte plus de 300 donc…
Lors de la visite du centre des arts et de la culture, il nous était difficile de comprendre les explications données en français du fait de la présence de groupes de collégiens parfois bruyants. Nous nous sommes plutôt amusés avec les scènes de marché, de rue et à l’intérieur de maisons thaïes reconstituées.
En fin d’après-midi, tout s’accélère. Nous regagnons la gare, retrouvons Marcel L et Xavier venus nous dire au revoir et faire une ultime photo qui sera pour nous rappeler les bons moments passés auprès d’eux.
Même opération que le 18 mai dans le sens inverse. Nous reprenons le train de nuit pour Ayutthaya, tout étonnés de trouver notre wagon quasi vide. Une demi heure après, nous voyons embarquer un groupe de trente français tous bien sympathiques et fêtards de surcroît.
Didier 31/05/2011 15:02